Une vidéo de l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Algérie est présentée comme s’il implorait le pardon du Mali. Bien que la vidéo soit authentique, elle a été sortie de son contexte, ce que nous allons expliquer dans cet article.
La légende accompagnant cette vidéo de l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Algérie au Mali affirme : « L’Algérie vient demander pardon au président, à son gouvernement et aux peuples maliens ». Dans cette séquence, le diplomate algérien exprime le soutien de l’Algérie au peuple malien. Cette vidéo, qui semble être une production de l’ORTM en raison de la présence de son logo, et de celui du journal de 20H, montre le ministre algérien aux côtés du Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga. Cette vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok et Facebook (1, 2).
Une vidéo sortie de son contexte
Des recherches approfondies, utilisant des mots-clés tels que « visite, ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Mali, et ORTM », ont permis de retrouver l’origine de la vidéo sur la page Facebook de l’ORTM, datant du 5 octobre 2021. Au cours de cette visite, le chef du gouvernement malien et l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Ramatane Lamamra, ont discuté de la situation sécuritaire au Mali et de la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Des images de cette visite sont également disponibles sur la page Facebook de la Présidence du Mali.
Il convient de noter que Ramtane Lamamra n’est plus le chef de la diplomatie algérienne, ayant été remplacé par Ahmed Attaf le 18 mars 2023. L’actuel ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Ahmed Attaf, a également effectué une visite de travail au Mali le 26 avril 2023. Comme son prédécesseur, sa visite s’inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale entre l’Algérie et le Mali. Les échanges ont notamment porté sur la situation sécuritaire au Sahel. « Le Mali et l’Algérie partagent la même préoccupation, la même analyse, et les mêmes réflexions sur la gravité de la situation dans la région, en raison de l’ampleur que le terrorisme est en train de prendre et de la criminalité transnationale », a expliqué le diplomate algérien selon un post de la Présidence du Mali.
Les relations Mali-Algérie
Afin de mettre fin à la crise multidimensionnelle qui sévit dans notre pays depuis 2012, la communauté internationale s’est engagée avec le gouvernement du Mali dans la recherche d’une solution durable, à travers la conclusion d’un accord. « Cette démarche a conduit le gouvernement du Mali et les groupes armés, sous l’égide de la Communauté Internationale avec comme chef de file l’Algérie, à conclure l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger, signé le 15 Mai 2015 et parachevé le 20 Juin 2015 à Bamako. » Boudjema Delmi, un Algérien, préside le comité de suivi de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger (CSA). L’Algérie joue un rôle prépondérant en tant que médiateur principal pour le retour de la paix dans le nord du Mali suite à cet accord entre le gouvernement malien et les groupes armés. Cependant, cet accord a été affecté par la reprise des hostilités fin août 2023, opposant les groupes rebelles à l’armée malienne.
Les relations entre Bamako et Alger sont devenues « tendues » depuis le 20 décembre 2023, date à laquelle les ambassadeurs ont été rappelés par les autorités respectives des deux pays. Cette crise a été déclenchée par la rencontre du président algérien avec « les groupes rebelles » au nord du Mali, qualifiés de « terroristes » par l’État malien, ainsi que par sa rencontre avec l’imam Mahmoud Dicko, un leader religieux malien.